Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

au sien, il ne fut pas fort éloigné de croire qu’elle avait été prononcée à son intention.

Il était resté le dernier dans le bureau, sous prétexte de chercher un parapluie qu’il n’avait jamais eu, et il se retirait avec une lenteur calculée, non sans avoir répété à plusieurs reprises qu’il reviendrait voir si on ne l’avait pas trouvé.

Régulièrement, c’est à lui que revenait la charge de garder et de conduire Prosper ; mais au moment du départ, il s’était approché du commissaire de police, et, dans l’intérêt de l’affaire, il avait demandé et obtenu sa liberté d’action.

Le billet écrit par Prosper, ce billet qu’il sentait dans la poche du petit Cavaillon, lui trottait par la tête. Même, une fois revenu dans le bureau du caissier, il avait eu bien soin de laisser la porte entre-bâillée, guettant du coin de l’œil, prêt à s’élancer au moindre mouvement du jeune employé.

S’emparer de cette preuve écrite, qui devait être importante, pouvait paraître la chose la plus aisée du monde. Que fallait-il faire ? Simplement arrêter Cavaillon, l’effrayer, lui demander le billet, et, au besoin, le lui prendre de force. L’agent de la sûreté eut un moment cette idée.

Oui, mais à quoi menait cet éclat ? À rien, du moins à un résultat incomplet et équivoque.

Fanferlot était persuadé que ce billet était destiné, non au jeune employé, mais à une tierce personne. Violenté, Cavaillon ferait-il connaître cette personne, qui pouvait fort bien ne pas porter le nom prononcé par le caissier : Gypsy. Et en mettant tout au mieux, s’il parlait, ne mentirait-il pas ?

Après mûres réflexions, l’agent de la sûreté décida, en sa sagesse policière, qu’il était puéril de demander un secret quand on pouvait le surprendre. Épier Cavaillon, le suivre, le saisir si bien en flagrant délit qu’il ne pût nier, n’était qu’un jeu.

Puis ces façons d’agir étaient bien mieux dans le ca-