Page:Gaboriau - Le Dossier n°113, 1867.djvu/49

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liez me faire l’honneur d’accepter mon bras et de sortir un instant avec moi, vous me combleriez.

Que faire ? Cavaillon prit le bras de M. Fanferlot et sortit avec lui.

La rue Chaptal n’est pas une de ces voies bruyantes et encombrées où les voitures constituent pour le piéton un perpétuel danger. On n’y trouve que deux ou trois boutiques, et, du coin de la rue Fontaine, occupée par un pharmacien, jusqu’en face de la rue Léonie, s’étend un grand mur triste percé çà et là de petites fenêtres qui éclairent des ateliers de menuiserie.

C’est une de ces rues où l’on peut causer à l’aise, sans être à tout moment forcé de descendre du trottoir, et M. Fanferlot et Cavaillon ne devaient pas craindre d’être troublés par les passants.

— Voici donc le fait, cher monsieur, commença l’agent de la sûreté, M. Prosper Bertomy vous a, ce matin, lancé fort adroitement un petit billet.

Cavaillon pressentait vaguement qu’il allait être question de ce billet ; il s’était efforcé de se préparer, de se mettre en garde.

— Vous vous trompez, répondit-il en devenant rouge jusqu’aux oreilles.

— Pardon ! je serais, daignez le croire, aux regrets de vous donner un démenti, mais je suis certain de ce que j’avance.

— Je vous assure que Prosper ne m’a rien remis.

— De grâce, cher monsieur, ne niez pas, insista Fanferlot, vous me forceriez à vous prouver que quatre employés l’ont vu vous jeter un billet écrit au crayon et plié fort menu.

Le jeune employé comprit que s’obstiner en présence d’un homme si bien renseigné serait folie ; il changea donc de système.

— Soit, fit-il, c’est vrai, j’ai reçu un billet de Prosper ; seulement, comme il était pour moi seul, après l’avoir lu je l’ai déchiré et j’en ai jeté les morceaux au feu.

Ce pouvait fort bien être la vérité. Fanferlot en eut