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Page:Gaboriau - Le Petit vieux des Batignolles, 1876.djvu/19

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pas à l’âge que j’avais alors, — on aime à savoir à quoi s’en tenir sur le compte des gens avec lesquels on se lie.

J’en vins donc naturellement, non pas à observer l’existence de mon voisin, mais à m’occuper de ses faits et gestes.

Il était marié, et madame Caroline Méchinet, blonde et blanche, petite, rieuse et dodue, ; paraissait adorer son mari.

Mais la conduite de ce mari n’en était pas plus régulière. Fréquemment il décampait avant le jour et souvent le soleil était levé quand je l’entendais regagner son domicile. Parfois il disparaissait des semaines entières.

Que la jolie petite madame Méchinet tolérât cela, voilà ce que je ne pouvais concevoir.

Intrigué, je pensai que notre portier, bavard d’ordinaire comme une pie, me donnerait quelques éclaircissements.

Erreur… À peine avais-je prononcé le nom de Méchinet qu’il m’envoya promener de la belle façon, me disant, en roulant de gros yeux, qu’il n’était pas dans ses habitudes de « moucharder » ses locataires.

Cet accueil redoubla si bien ma curiosité que,