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Page:Gaboriau - Le Petit vieux des Batignolles, 1876.djvu/264

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UNE DISPARITION

chaque moment, quelque ménagère arrivait, effarée, apportant de nouveaux détails.

L’épicier du coin avait, ce jour-là, les meilleures et les plus fraîches nouvelles, les plus exactes aussi, les tenant de la propre bouche de la cuisinière de la maison.

— Donc, disait-il, c’était hier soir après le dîner, M. Jandidier, notre voisin, est descendu à sa cave pour chercher une bouteille de vin, et on ne l’a plus revu : disparu, évanoui, évaporé !

Il arrive comme cela, de temps à autre, qu’on entend parler de disparitions mystérieuses, le public s’émeut et les gens prudents achètent des cannes à épée.

La police entend ces bruits ridicules et elle hausse les épaules. C’est qu’elle connaît l’envers de ces canevas si bien brodés. Elle cherche, et elle trouve, au lieu de naïfs mensonges, la vérité ; au lieu de romans, de tristes histoires.

Cependant, jusqu’à un certain point, l’épicier de la rue Saint-Louis disait vrai.

En effet, depuis tantôt vingt-quatre heures, M. Jandidier, fabricant de bijoux faux, n’avait pas reparu à son domicile.

M. Théodore Jandidier était un homme de cin-