Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/159

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moyen pour ne pas les payer. C’est à quoi on songe toujours quand on vient de recevoir de l’argent.

Les gens de plaisir complotaient dans un coin quelque aimable folie.

Ce matin ils sont tous arrivés à l’heure ; il n’y avait pas de retardataires ; il n’y avait pas de malades.

Braves employés ! ils n’ont pas de bouquets à leur boutonnière, comme les noceux de campagne, mais leur figure est endimanchée.

La bienveillance est à l’ordre du jour ; l’employé lymphatique et l’employé sanguin ne se prennent plus aux cheveux ; M. Rafflard est presque aimable, et Lorgelin oublie un peu ses griefs contre l’administration.

L’hôtel du ministère même semble avoir changé d’aspect ; la figure du portier est moins rébarbative ; les corridors sont moins sombres, les cours moins humides, les vitres moins poussiéreuses.

Comme on voit bien qu’on va livrer à tous ces rongeurs une tranche du budget ! Un nuage d’or a crevé au-dessus de la maison.

Tombe, tombe, manne bénie que produit le contribuable !…

Il rit, il chante, il est en fête l’hôtel de l’Équilibre ;