Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/215

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Le portier les distribuait aux garçons de bureau, lesquels les transmettaient à leurs destinataires.

Le sous-chef rempli d’astuce vit là matière à centralisation. Il fit remarquer que le portier empiétait sur les droits de l’administration ; il rédigea un projet où il était démontré, clair comme le jour, que la distribution de ces lettres ne devait pas être dans les attributions du concierge et nuisait à ses fonctions administratives.

Dans un second rapport, il indiqua tous les désavantages de ce mode de procéder. Les lettres pouvaient se perdre, et dans ce cas à qui s’en prendrait-on ? Elles pouvaient arriver en retard ; de qui serait-ce la faute ? Où trouver une responsabilité ?

En conséquence il proposait une amélioration notable à cet état de choses, et concluait à la nomination d’un chef de service, aux appointements de huit mille francs. En même temps il s’offrait pour remplir cette mission toute de dévouement.

Ce sous-chef rempli d’astuce avait de nombreuses relations ; il fit parler, agir, et ma foi, à la faveur de la réorganisation qui venait d’être enfin réalisée, il enleva sa nomination.

C’est alors qu’il installa son bureau. Il lui fallait un état nominatif de tous les employés du ministère de