Page:Gaboriau - Les Gens de bureau, Dentu, 1877.djvu/269

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au ministère. Ce fils ira dans le monde officiel, il sera un personnage. Et la croix d’honneur ! il est sûr de l’avoir dans un temps donné.

Les ministères assiégés se défendent comme ils peuvent ; ils multiplient les obstacles devant leurs portes. Ils font tout pour décourager ; ils exigent des titres nouveaux ; ils augmentent chaque année la difficulté des examens. L’ardeur ne se ralentit pas. Cependant les ministères semblent crier :

« Bourgeois mesquins, gardez donc vos enfants. N’en savez-vous donc que faire ? L’agriculture manque moins de bras que de têtes. L’industrie a besoin de renforts ? le commerce va croissant tous les jours. Que me chantez-vous donc avec votre profession libérale. L’homme qui gagne six mille francs par an dans un bon métier est financièrement plus riche que l’employé appointé à dix mille. Je ne peux pas vous enrôler tous, il faut bien qu’aux administrateurs il reste quelques administrés. »

L’autre cause provient de l’esprit de défiance naturel au peuple français. Ce gros mot de concussion est un épouvantail ruineux. Lui qui admire la bureaucratie, voit toujours dans ses cauchemars des employés puisant à pleines mains dans les caisses publiques, et, pour se délivrer de cette obsession, il a multiplié le contrôle à l’infini. Il paye tous les ans quinze