Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/113

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.


XII


Les portes de la voiture cellulaire étaient exactement refermées, le conducteur fit claquer son fouet et la geôle roulante partit au grand trot de ses deux vigoureux chevaux.

Lecoq avait pris place dans le cabriolet ménagé sur le devant, entre le conducteur et le garde de Paris de service, et sa préoccupation était si forte, que certes, il n’entendit rien de leur conversation. Elle était des plus joviales, bien que troublée par l’atroce voix de la veuve Chupin qui, enrageant dans son compartiment, chantait où vomissait des injures, alternativement.

Le jeune policier venait d’entrevoir le moyen de surprendre quelque chose du secret que cachait ce meurtrier, qui, dans sa conviction, — il en eût parié sa tête à couper, — devait avoir vécu dans les sphères élevées de la société.

Que ce prévenu eût réussi à feindre de l’appétit, qu’il eût surmonté le dégoût d’une boisson nauséabonde, qu’il fût monté sans broncher dans le « panier à salade à compartiments, » il n’y avait rien, là, de positivement