Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/134

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ménageait les bonnes grâces du cocher, et, par suite des renseignements plus abondants.

Enfin, c’était une façon d’être rapidement ramené au cœur de Paris.

Ce dernier calcul ne fut pas déçu.

Le cheval dressa l’oreille et allongea le trot, quand son maître cria : « Hue, Cocotte ! » La bête avait pratiqué l’homme et reconnaissait l’intonation avec laquelle il n’y avait pas à badiner.

En moins de rien, la voiture atteignit la route de Choisy, et alors Lecoq reprit ses questions.

— Voyons, mon brave, commença-t-il, vous m’avez conté les choses en gros, j’aurais besoin de détails maintenant. Comment ces deux femmes vous ont-elles accosté ?

— C’est bien simple. J’avais fait, le dimanche gras, une fichue journée. Six heures de file sur les boulevards, et la pluie tout le temps. Quelle misère !… À minuit, j’avais trente sous de pourboire, pour tout potage. Cependant j’étais tellement échiné, mon cheval était si las, que je me décide à rentrer. Je marronnais, il faut voir !… Quand, rue du Chevaleret, passé la rue Picard, j’aperçus de loin deux femmes debout sous un réverbère. Naturellement, je ne m’en occupe pas, parce que les femmes, quand on a mon âge…

— Passons ! interrompit le jeune policier.

— Je passe en effet devant elles, et quand elles se mettent à m’appeler : « Cocher !… cocher !… » Je fais celui qui n’entend rien. Mais alors en voilà une qui court après moi, en criant : « Un louis !… un louis de pourboire ! » Je réfléchissais, quand, pour comble, la femme