Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/148

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tative de suicide du meurtrier et la chute du juge d’instruction.

Mais il ne laissa pas au vague pressentiment qui tressaillit dans son esprit le temps de prendre consistance. Quel rapport entre ces deux faits ?…

D’ailleurs, il n’entrevoyait pour lui aucun préjudice, bien au contraire, et il n’avait pas encore enrichi son formulaire d’un axiome qu’il professa plus tard :

« Se défier extraordinairement de toutes les circonstances qui paraissent favoriser nos secrets désirs. »

Il est sûr que Lecoq était bien loin de se réjouir de l’accident de M. d’Escorval, il eût donné bonne chose de grand cœur pour que la blessure n’eût pas de suites… Seulement, il ne pouvait s’empêcher de se dire qu’il se trouvait, de par le hasard de ce malheur, quitte de relations qui lui semblaient affreusement pénibles, avec un homme dont les hauteurs dédaigneuses l’avaient comme écrasé.

Tous ces motifs divers réunis furent cause d’une légèreté dont il devait porter la peine.

— De la sorte, dit-il à l’huissier, je n’ai que faire ici, ce matin.

— Plaisantez-vous ?… Depuis quand le couvent chôme-t-il faute d’un moine !… Il y a plus d’une heure déjà, que toutes les affaires urgentes dont était chargé monsieur d’Escorval ont été réparties entre messieurs les juges d’instruction.

— Moi je viens pour cette grosse affaire d’avant-hier…

— Eh !… que ne le disiez-vous ! On vous attend, et même on a déjà envoyé un garçon vous demander à la Préfecture. C’est M. Segmuller qui instruit…