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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/17

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versèrent, son corps se roidit, et une convulsion suprême le rabattit la face contre terre.

— C’est fini, murmura Gévrol.

— Pas encore, répondit le jeune agent dont l’intervention avait été si utile ; mais il n’en a pas pour dix minutes. Pauvre diable !… Il ne dira rien.

L’inspecteur de la sûreté s’était redressé, aussi calme que s’il eût assisté à la scène la plus ordinaire du monde, et soigneusement il époussetait les genoux de son pantalon.

— Bast !… répondit-il, nous saurons quand même ce que nous avons intérêt à savoir. Ce garçon est troupier, et il a sur les boutons de sa capote le numéro de son régiment, ainsi !…

Un fin sourire plissa les lèvres du jeune agent.

— Je crois que vous vous trompez, Général, dit-il.

— Cependant…

— Oui, je sais, en le voyant sous l’habit militaire, vous avez supposé… Eh bien !… non. Ce malheureux n’était pas soldat. En voulez-vous une preuve immédiate, entre dix ?… Regardez s’il est tondu en brosse, à l’ordonnance ? Où avez-vous vu des troupiers avec des cheveux tombant sur les épaules ?

L’objection interdit le général, mais il se remit vite.

— Penses-tu, fit-il brusquement, que j’ai mes yeux dans ma poche ? Ta remarque ne m’a pas échappé ; seulement, je me suis dit : Voilà un gaillard qui profite de ce qu’il est en congé pour se passer du perruquier.

— À moins que…

Mais Gévrol n’admet pas les interruptions.

— Assez causé !… prononça-t-il. Tout ce qui s’est