Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/200

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— J’étais comme fou, balbutia-t-il, je ne savais si c’étaient des agents de police qui arrivaient ou des amis de ceux que j’avais tués.

— Votre intérêt vous commandait de fuir les uns comme les autres.

Le meurtrier se tut.

— Eh bien !… reprit M. Segmuller, la prévention suppose que vous vous êtes sciemment et volontairement exposé à être arrêté, pour protéger la retraite des deux femmes qui se trouvaient dans ce cabaret.

— Je me serais donc risqué pour deux coquines que je ne connaissais pas ?…

— Pardon !… La prévention a de fortes raisons de croire que vous les connaissez au contraire très-bien, ces deux femmes.

— Ça, par exemple !… si on me le prouve !…

Il ricanait, mais le rire fut glacé sur ses lèvres par le ton d’assurance avec lequel le juge dit, en scandant les syllabes :

— Je-vous-le-prou-ve-rai !…