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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/243

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— Ah ! nous irons où vous voudrez ; je suis à vos ordres.

Ils partirent quelques instants plus tard.

Papillon, fier sur son siége, faisait claquer son fouet, et la voiture filait comme s’il y eût eu cent sous de pourboire.

Seul le père Absinthe était triste. Lecoq l’avait pardonné et même lui avait juré le secret, mais il ne se pardonnait pas, lui ! Il ne pouvait se consoler d’avoir été, lui, un vieux policier, joué comme un provincial naïf. Si encore il n’eût pas livré le secret de l’instruction ! Mais, il ne le comprenait que trop, il avait, par cela seul, doublé les difficultés de la tâche.

Du moins, la longue course ne fut pas inutile. Le secrétaire du commissaire de police du treizième arrondissement apprit à Lecoq que la femme Polyte Chupin demeurait avec son enfant aux environs, dans la ruelle de la Butte-aux-Cailles.

Il ne put indiquer le numéro précis, mais il donna des détails.

La bru de la mère Chupin était Auvergnate, et elle était cruellement punie d’avoir préféré un Parisien à un compatriote.

Arrivée à Paris à douze ans, elle était entrée comme servante dans une grosse fabrique de Montrouge et y était toujours restée. Après dix ans de privations et d’un travail acharné, elle avait amassé, sou à sou, trois mille francs, quand son mauvais génie jeta Polyte Chupin sur sa route.

Elle s’éprit de ce pâle et cynique gredin, et lui l’épousa pour ses économies.