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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/245

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connaissent comme dans un village. La première personne à qui le jeune policier demanda madame Polyte Chupin le tira d’embarras.

— Toinon-la-Vertu demeure dans cette maison, à droite, lui fut-il répondu ; tout en haut de l’escalier, la porte en face.

L’indication était si précise, que du premier coup Lecoq et le père Absinthe arrivèrent au logis qu’ils cherchaient.

C’était une triste et froide mansarde carrelée, assez spacieuse, éclairée par une fenêtre à tabatière.

Un lit de noyer disloqué, une table boiteuse, deux chaises et de misérables ustensiles de ménage constituaient le mobilier.

Mais la propreté, en dépit de la pauvreté, étincelait, et on eût mangé par terre, selon l’énergique expression du père Absinthe.

Quand les deux policiers se présentèrent, ils trouvèrent une femme qui cousait des sacs de grosse toile, assise au milieu de la pièce, sous la fenêtre, pour que le jour tombât bien d’aplomb sur son ouvrage.

À la vue de deux étrangers, elle se leva à demi, surprise, un peu effrayée même ; et quand ils lui eurent expliqué qu’ils avaient à lui parler assez longuement, elle quitta sa chaise pour l’offrir.

Mais le vieil homme de police la contraignit de demeurer assise, et il resta debout pendant que Lecoq s’établissait sur l’autre chaise.

D’un coup d’œil, le jeune policier avait inventorié le logis et évalué la femme.

Elle était petite, courte, grosse, affreusement com-