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XXIX


Resté seul, M. Segmuller reprit le chemin de son cabinet, guidé bien plus par l’instinct machinal de l’habitude que par une volonté délibérée.

Toutes les facultés de son intelligence étaient à « l’affaire, » et telle était sa préoccupation, que lui, la politesse même, il oubliait de rendre les saluts qu’il recueillait sur son passage.

Comment avait-il procédé, jusqu’ici ? Au hasard ; selon le caprice des événements, il avait couru au plus pressé, ou du moins à ce qu’il jugeait tel. Pareil à l’homme égaré dans les ténèbres, il avait erré à l’aventure, sans direction, marchant vers tout ce qui, dans le lointain, lui semblait être une lumière.

À courir ainsi on s’épuise vainement, il se l’avouait en reconnaissant l’impérieuse et pressante nécessité d’un plan.

Il n’avait pu enlever la place d’un coup de main, force lui était de se résigner aux méthodiques lenteurs d’un siége en règle.

Et il se hâtait, car il sentait les heures lui échapper.