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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/285

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— Et tenez, ajouta-t-il, voici justement la petite-fille de la marquise, Mlle Claire, qui passe avec sa gouvernante, Mlle Schmidt.

Lecoq eut un éblouissement.

— Sa petite fille ?… balbutia-t-il.

— Mais oui… la fille de défunt son fils, si vous aimez mieux.

— Quel âge a-t-elle donc ?…

— Une soixantaine d’années, au moins. Mais on ne les lui donnerait pas, non. C’est une de ces vieilles bâties à chaux et à sable, qui vivent cent ans, comme les arbres. Et méchante, qu’elle est !… Je ne voudrais pas lui dire ce que je pense d’elle à deux pouces du nez. Elle aurait plus tôt fait de m’envoyer une taloche que moi d’avaler ce verre d’eau-de-vie…

— Pardon, interrompit le jeune policier, elle n’occupe pas seule cet hôtel…

— Mon Dieu !… si, toute seule avec sa petite-fille, la gouvernante et deux domestiques… Mais qu’est-ce qui vous prend donc ?…

Le fait est que ce pauvre Lecoq était plus blanc que sa chemise. C’était le magique édifice de ses espérances qui s’écroulait aux paroles de cet homme comme le fragile château de cartes d’un enfant.

— Je n’ai rien, répondit-il d’une voix mal assurée, oh !… rien du tout.

Mais il n’eût pas supporté un quart d’heure de plus l’horrible supplice de l’incertitude. Il paya et alla sonner à la grille de l’hôtel.

Un domestique vint lui ouvrir, l’examina d’un œil dé-