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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/289

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S’emporter, crier, donner cours à sa colère, reprocher à cette vieille son ineptie, lui eût été un ineffable soulagement. Mais, alors, que devenait son rôle de bon jeune homme probe ?…

Il sut contraindre ses lèvres à grimacer un sourire, il balbutia même un remercîment de tant de bonté. Puis, comme il n’avait plus rien à attendre, il salua bien bas et sortit à reculons, étourdi de ce nouveau coup.

Fatalité, maladresse de sa part, habileté miraculeuse de ses adversaires, il avait vu se rompre successivement entre ses mains tous les fils sur lesquels il avait compté pour guider l’instruction hors de l’inextricable labyrinthe où elle s’égarait de plus en plus.

Était-il encore dupe d’une nouvelle comédie ? Ce n’était pas admissible.

Si le complice du meurtrier eût pris pour confident le bijoutier Doisty, il lui eût demandé purement et simplement de répondre qu’il ne savait pas à qui ces brillants avaient été vendus, ou même qu’ils ne sortaient pas de chez lui.

La complication même des circonstances en décelait la sincérité.

Puis le jeune policier avait d’autres raisons de ne douter point des allégations de la marquise. Certain regard qu’il avait surpris entre le bijoutier et sa femme éclairait les faits d’un jour éblouissant.

Ce regard signifiait que, dans leur opinion, la marquise en prenant ces diamants avait hasardé une petite spéculation plus commune qu’on ne croit, et dont quantité de femmes du vrai monde sont coutumières. Elle avait acheté à crédit pour céder à perte, mais au comp-