Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/338

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ne se ménagea pas. Il était de ceux qui, longs à se décider, ne reviennent plus sur un parti pris et vont jusqu’au bout sans détourner la tête.

Ce jour-là même, le projet de Lecoq fut adopté en principe, sauf à convenir des détails et à régler le jour.

Cette même après-midi, la veuve Chupin obtint sa liberté provisoire.

Il n’y avait plus à s’inquiéter de Polyte. Traduit devant le tribunal correctionnel pour le vol où il se trouvait impliqué, il avait été, à sa grande surprise, condamné à treize mois de prison.

Désormais, M. Segmuller n’avait plus qu’à attendre, et ce lui fut d’autant plus aisé que les vacances de Pâques étant arrivées il put aller chercher en province, près de sa famille, un peu de repos et de liberté d’esprit.

Rentré à Paris, le dernier jour des vacances, le dimanche, il était resté chez lui, quand on lui annonça un domestique — envoyé par le bureau de placement — pour remplacer le sien qu’il avait congédié.

C’était un homme qui paraissait quarante ans, fort rouge de figure, ayant d’épais cheveux et de très-gros favoris roux, plutôt grand que petit, de forte corpulence et roide sous ses vêtements coupés carrément.

Il expliqua d’un ton posé et avec un accent normand des plus prononcés, que depuis vingt ans il n’avait servi que des gens d’étude, un médecin et un notaire, qu’il était au fait des habitudes du Palais, qu’il savait épousseter des paperasses sans y mettre le désordre…

Bref, il s’exprima si bien, que tout en se réservant