Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/345

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Change, une voiture cellulaire qui arrivait au grand trot.

— Attention, vieux, dit-il à son compagnon, voici qu’on amène notre homme !… Vite à notre poste, rappelez-vous la consigne et ouvrez l’œil !…

Près de là, sur le quai, était un chantier à demi entouré de planches. Le père Absinthe alla se poster devant une des affiches collées sur la clôture, et Lecoq, apercevant une pelle oubliée, s’en empara et se mit à remuer du sable.

Ils firent bien de se hâter.

La geôle roulante venait de tourner le quai.

Elle passa devant les deux agents de la sûreté, et s’engouffra avec un grand bruit de ferraille sous la voûte qui conduisait à « la souricière. »

Mai y était enfermé.

Lecoq en eut la certitude, en apercevant le gardien-chef assis dans le cabriolet.

La voiture resta bien un gros quart d’heure dans la cour….

Quand elle reparut, le conducteur descendu de son siége tirait ses chevaux par la bride.

Il rangea le lourd véhicule tout contre le Palais de Justice, jeta une couverte sur les reins de ses bêtes, alluma une pipe et s’éloigna…

Durant un bon moment, l’anxiété des deux observateurs fut une véritable souffrance, rien ne bougeait, rien ne remuait….

Mais à la fin, la portière de la voiture s’entre-bâilla doucement avec des précautions infinies, et une tête pâle et effarée se montra… la tête de Mai.