Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/387

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— Hélas !… murmura le jeune policier, à quoi bon !… Mais déjà le Suisse était allé frapper doucement à l’une des portes donnant sur le palier. Son acharnement égalait celui des agents de la sûreté, s’il ne le dépassait. Ils avaient vu le meurtrier entrer, lui ne l’avait pas vu sortir ; donc il était dans l’hôtel, et il voulait qu’on le retrouvât, il le voulait opiniâtrement.

La porte cependant s’entre-bâilla, et le visage grave et bien rasé de Otto, le premier valet de chambre, se montra.

— Que diable voulez-vous ? demanda-t-il d’un ton rogue.

— Entrer chez monseigneur, répondit le Suisse, afin de nous assurer que le malfaiteur ne s’y est pas réfugié.

— Êtes-vous fou !… déclara M. le premier valet ; quand y serait-il entré, et comment ? Je ne puis d’ailleurs souffrir qu’on dérange M. le duc. Il a travaillé toute la nuit, et il vient de se mettre au bain pour se délasser avant de se coucher.

Le Suisse parut fort contrarié de l’algarade et Lecoq apprêtait des excuses, quand une voix se fit entendre, qui disait :

— Laissez, Otto, laissez ces braves gens faire leur métier.

— Ah !… entendez-vous !… fit le Suisse triomphant.

— Très-bien !… M. le duc permet… cela étant, arrivez, je vais vous éclairer.

Lecoq entra, mais c’est pour la forme seulement qu’il parcourut les diverses pièces, la bibliothèque, un admirable cabinet de travail, un ravissant fumoir.