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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/416

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secret, il peut se sauver encore, et que peut-être il retirera intacts de cet abîme de honte et de sang son honneur et son nom…

Le père Tabaret fit, de la main, un mouvement ironique qui lui était familier, et changeant subitement de ton, il ajouta :

— Et voilllà… mon fiston !

Le vieux Absinthe s’était dressé, empoigné jusqu’au délire.

— Cristi ! s’écria-t-il, ça y est !… oh ! ça y est !

Pour être muette, l’approbation de Lecoq n’en était pas moins évidente.

Mieux que son vieux collègue, et en plus exacte connaissance de cause, il pouvait apprécier ce rapide et merveilleux travail d’induction.

Il s’extasiait devant les surprenantes facultés d’investigation de cet excentrique policier, qui, sur des circonstances inaperçues de lui, Lecoq, reconstruisait le drame de la vérité, pareil en cela à ces naturalistes qui, sur la seule inspection de deux ou trois os, dessinent l’animal auquel ils ont appartenu.

Pendant une bonne minute, le père Tabaret savoura ces deux formes si diverses mais également délicieuses pour lui, de l’admiration ; puis, reprenant son calme, il poursuivit :

— Te faudrait-il quelques petites preuves encore, Lecoq, mon fils ? Souviens-toi de la persévérance de M. d’Escorval à envoyer demander à M. Segmuller des nouvelles de l’instruction. J’admets, certes, qu’on se passionne pour son métier… mais non à ce point. À ce moment, tu croyais encore à la jambe cassée. Comment ne