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Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/78

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Ainsi, dans cette notice explicative, Lecoq n’écrivait pas une seule fois son nom.

En exposant les choses qu’il avait imaginées ou faites, il mettait simplement : « un agent… »

Ce n’était pas modestie, mal calcul. À s’effacer à propos, on gagne un relief plus considérable quand on sort de l’ombre.

C’était par calcul aussi qu’il plaçait Gévrol en avant.

Cette tactique, un peu bien subtile, mais de bonne guerre, en somme, devait, pensait-il, appeler l’attention sur l’agent qui avait su agir quand tout l’effort du chef s’était borné à enfoncer une porte.

Ce qu’il rédigeait n’était pas un procès-verbal, acte authentique réservé aux seuls officiers de la police judiciaire, — c’était un simple rapport admis tout au plus à titre de renseignement, et cependant il le soignait comme un jeune général le bulletin de sa première victoire.

Tandis qu’il dessinait et écrivait, le père Absinthe se penchait au-dessus de son épaule pour voir.

Le plan, particulièrement, émerveillait le bonhomme. Il lui en était passé beaucoup sous les yeux, mais il s’était toujours figuré qu’il fallait être ingénieur, architecte, arpenteur tout au moins, pour exécuter un semblable travail. Point. Avec un mètre pour prendre quelques mesures et un bout de planche en guise de règle, ce conscrit, son collègue, se tirait d’affaire.

Sa considération pour Lecoq s’en augmenta prodigieusement.

Il est vrai que le digne vétéran de la rue de Jérusalem ne s’était aperçu, ni de l’explosion de la vanité du