Page:Gaboriau - Monsieur Lecoq, Dentu, 1869, tome 1.djvu/97

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che sans marque, des cahiers à cigarettes, voilà tout ce qu’on avait réuni.

Le plus âgé avait soixante-sept francs, à même son gousset ; le plus jeune était nanti de deux louis…

Ainsi, rarement la police s’était trouvée en présence d’une aussi grave affaire avec aussi peu de renseignements.

À l’exception du fait lui-même, trop prouvé par trois victimes, elle ignorait tout, les circonstances et le mobile, et les probabilités entrevues, loin de dissiper les ténèbres, les épaississaient.

Certes, il était à espérer qu’avec du temps, de l’obstination, des recherches et les puissants moyens d’investigation dont dispose la rue de Jérusalem, on arriverait jusqu’à la vérité…

Mais, en attendant, tout était mystère, à ce point qu’on en était à se demander de quel côté réellement était le crime.

Le meurtrier était arrêté, mais s’il persistait dans son mutisme, comment lui jeter son nom à la face ? Il protestait de son innocence, comment l’accabler des preuves de sa culpabilité ?

Des victimes, on ignorait tout… Et l’une d’elles s’accusait.

Une inexplicable influence liait la langue de la veuve Chupin.

Deux femmes, dont l’une pouvait perdre à la Poivrière une boucle d’oreille de 5,000 francs, avaient assisté à la lutte… puis disparu.

Un complice, après deux traits d’une audace inouïe, s’était échappé…