Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/154

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le général mexicain don Ygnacio Rayon. Là s’était établie une junte qui organisait un simulacre de gouvernement indépendant de la métropole, et lançait des proclamations aussi impuissantes que les lueurs de l’incendie maîtrisé.

Mais si cet incendie est l’œuvre des passions de l’homme, s’il est le résultat d’une volonté ferme et bien arrêtée, et non celui d’un cas fortuit, on doit s’attendre à le voir éclater de nouveau sur un autre point de la forêt ou de la savane. Ce fut ce qui ne manqua pas d’arriver. Un autre champion de l’indépendance, plus obscur, s’il est possible, à son début, que ses prédécesseurs, allait apparaître sur le théâtre ouvert par eux, avec un éclat qui devait éclipser celui dont ils n’avaient brillé qu’un instant.

C’était le curé de Caracuaro, celui que les historiens n’appellent aujourd’hui que l’illustre Morelos (el insigne Morelos).

Les historiens mexicains ne précisent pas la date de la naissance de don Maria Morelos y Pavon. Je ne crois pas cependant me tromper en affirmant, d’après les portraits que j’ai vus de lui et en rapprochant les dates les unes des autres, qu’il devait avoir de trente-huit à quarante ans lorsque la révolution éclata dans le village de Dolorès. Il serait donc né de l’année 1773 à 1778, dans un endroit appelé Tahuejo, près du bourg d’Apatzingam, dans l’Intendance, aujourd’hui État de Valladolid, ou, pour mieux dire, de Morelia, nom dérivé de celui du plus illustre de ses enfants.

L’unique héritage du héros futur de l’indépendance mexicaine consistait en quelques mules de charge que lui avait laissées son père. Muletier comme lui, il s’était longtemps contenté de cet humble et pénible métier, quand il lui vint à l’idée d’entrer dans les ordres sacrés. Quelle put être la cause d’une semblable résolution ? l’histoire ne le dit pas ; toujours est-il que Morelos, avec