Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/214

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Carlos diminuait petit à petit. Il venait de lâcher une bordée contre les barques ; mais ses canons, moins bien dirigés que la première fois, n’avaient lancé que des boulets inoffensifs, qui, sifflant au-dessus des têtes des Mexicains, avaient été se perdre dans l’eau. Obligé de présenter le flanc pour décharger son artillerie, cette manœuvre, en suspendant sa marche pendant quelques instants, avait fait gagner du terrain aux barques. D’innombrables coups de sifflets et d’outrageuses moqueries accueillirent, avec une dédaigneuse ironie, l’inutile décharge du brick.

Déjà les bastions du fort commençaient à paraître dans le lointain, lorsque, de l’embarcation du mariscal, qui se trouvait en avant de toutes les autres, Costal poussa un cri et signala un incident imprévu qui bientôt fut à la connaissance de tout le monde.

Pendant que le San-Carlos fuyait, ou pour mieux dire tâchait d’arriver le plus promptement possible au but de sa course, les hauteurs du château s’étaient couronnées de spectateurs ; au loin, la plage voisine du camp de Morelos s’était également couverte de soldats, qui, faute de moyens de transport, ne pouvaient faire que des vœux pour leurs camarades. Tout à coup six canots espagnols parurent et doublèrent la pointe du fort, se dirigeant sur le brick pour lui porter secours.

C’était l’apparition de ces barques ennemies qu’annonçait le cri de Costal ; la lutte qui allait s’engager était le spectacle auquel venaient assister les soldats de la citadelle et ceux de Morelos. À l’aspect du renfort inattendu que recevait le brick, toutes les barques mexicaines, sur un signal du mariscal, s’empressèrent de rallier la yole qui le portait, pour recevoir ses ordres.

De légères embarcations sans artillerie attaquant un navire de guerre sous voiles, par qui elles pouvaient facilement être coulées à fond, c’était une entreprise, déjà bien, téméraire. Les auxiliaires qui venaient à