Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/253

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En disant ces mots, le messager tira de sa poche un petit paquet de feuilles de maïs dans lequel ; par précaution, il avait enveloppé la lettre, et la remit à don Rafael, qui la prit d’une main dont il cherchait à dissimuler le tremblement nerveux.

« Bien ! dit-il froidement. Maintenant, que vous reste-t-il à me dire ? »

Cette lettre pouvait être de Gertrudis, et le colonel, avec cet air de froideur affectée, n’avait d’autre but que de se réserver la volupté de la lire quand il allait être seul.

« Arroyo, Bocardo et leurs bandits ont reparu dans la province, acheva Julian, et le lieutenant Varaegui m’envoie…

— Arroyo, Bocardo ! interrompit don Rafael, tout à coup ramené du pays des doux songes à des idées de vengeance ; dites de ma part au lieutenant Varaegui qu’il donne double ration à ses chevaux pour les préparer à entrer en campagne, que dans quelques jours je serai avec lui pour la commencer ; car, après le dernier assaut que nous allons livrer, ou Huajapam sera pris, ou nous lèverons le siège. J’obtiendrai un congé du général en chef, et dussions-nous, pour saisir enfin ces deux bandits, mettre le feu aux quatre coins de la province, nous le ferons. Allez, Julian. »

Le messager se disposait à partir, quand don Rafael, voyant sur une table où il l’avait déposée la lettre qui lui promettait un instant de bonheur, s’adressa de nouveau à Julian, et lui dit :

« Tenez, vous avez été un messager de bonnes nouvelles, je veux vous en récompenser. »

Et il lui mit dans la main un quadruple d’or, que Julian reçut avec empressement, mais non pas sans être profondément surpris de se voir si généreusement payé pour avoir apporté la nouvelle de la réapparition d’Arroyo et de sa bande. Toutefois, son contentement dépassait encore sa surprise.