Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/267

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d’autres scènes se passaient à quelques lieues du camp des assiégeants.

Fidèle à sa promesse, Morelos s’était mis en marche pour Huajapam ; il n’avait pu disposer que de mille hommes de troupes régulières pour ne pas dégarnir la ville de Chilapa, qu’il venait de prendre ; mais pour faire nombre, il y avait joint un millier d’Indiens, armés de flèches et de frondes.

À quelque distance derrière le général en chef, le mariscal Galeana et le capitaine Lantejas chevauchaient de compagnie.

Le front de l’ex-étudiant était soucieux.

« Le général a raison de vous refuser votre congé disait Galeana ; un officier instruit et brave comme vous l’êtes est toujours précieux ; et, quant au mécontentement que lui cause votre insistance et qu’il vous a un peu brusquement témoigné, ne vous en affligez pas trop, mon cher Lantejas, comptez sur moi ; je serai bien malheureux si je ne vous fournis pas l’occasion de quelque bon coup de lance pour vous réhabiliter dans son opinion. Pourvu que vous tuiez de votre main trois ou quatre Espagnols, ou un seul officier supérieur.

— J’aime mieux un officier supérieur ; j’y penserai, » répondit le capitaine avec distraction.

Il pensait si bien, que cette obligation de se distinguer avec préméditation, lui qui jusqu’alors n’avait été qu’un héros de hasard, amassait ces nuages sur son front.

Pendant que la troupe insurgée faisait halte pour ce jour-là, on s’occupa des moyens de porter un coup décisif aux assiégeants, et, pour y parvenir, il fut résolu qu’on les prendrait entre deux feux, c’est-à-dire qu’on les attaquerait en même temps que les assiégés feraient une sortie contre eux.

Le plus difficile était de leur faire connaître cette résolution, tant l’armée espagnole faisait bonne garde autour de la place.