Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/269

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blement son odorat ; puis, l’aspect de ces mornes compagnons de faction n’était pas moins lugubre pour lui que pour son prédécesseur de la veille, et l’image de la mort, constamment sous ses yeux, ne laissait pas que de lui inspirer une certaine terreur secrète.

La sentinelle allait et venait avec une rapidité de marche indispensable pour chasser le double frisson qui l’agitait. D’ailleurs, soit qu’on eût eu vent de la résurrection de l’Indien de la veille, soit par tout autre motif, la surveillance était devenue plus active et les sentinelles avaient été plus rapprochées entre elles et devaient s’observer réciproquement.

Les seuls moment où le factionnaire s’arrêtait ne duraient que le temps nécessaire pour répéter le cri :

« Alerta ! centinela !

— J’en suis fâché pour lui, dit Costal ; mais il faut l’envoyer monter la garde chez le Père éternel.

— Chut, païen ! » s’écria don Cornelio scandalisé.

Le mur de clôture qui servait de halte au capitaine, quoique presque entièrement abattu, présentait encore, derrière ses décombres entassés, un abri passable contre la curiosité de la sentinelle ; puis il y avait dans la campagne, en grand nombre, de hauts aloès et des absinthes touffues.

« Expédions d’abord la sentinelle, dit Costal ; cela fait, vous vous disséminerez derrière ces buissons et vous me laisserez faire. »

Le Zapotèque emprunta la fronde de l’un des Indiens, dans laquelle il mit un caillou de choix, et ordonna à deux autres Indiens d’encocher leurs flèches, et tous trois se tinrent prêts.

« Vous allez frapper deux cailloux l’un contre l’autre et à deux reprises, dit Costal au capitaine ; vous autres, vous lâcherez votre flèche à la seconde. »

C’était une des rares occasions où l’arc et la fronde sont supérieurs à la carabine.