Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/325

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— Peut-être le capitaine accordera-t-il la moitié de la prime, dit l’un des bandits.

— Quand nous saurons exactement le lieu où il s’est jeté du sentier sous le couvert, nous nous diviserons en deux bandes de quatre hommes, cette fois : la première descendra du chemin vers l’Ostuta, la seconde remontera de l’Ostuta vers la route, dans une direction donnée à travers bois : nous prendrons l’homme entre nous, et le premier qui l’apercevra fera feu sur lui comme sur un chien enragé, et, pourvu qu’il lui reste un souffle de vie, la prime sera gagnée. »

L’avis de Pépé Lobos ne rencontra qu’une approbation unanime, et il fut convenu qu’à la pointe du jour tous iraient ensemble étudier le terrain pour y trouver les dernières empreintes des pas du cheval de don Rafael.

Le lever du soleil se fit moins longtemps attendre que le retour de Suarez et de Pacheco, qui dormaient toujours, et ses premiers rayons doraient à peine la cime des plus hauts palmiers, que huit bandits, disséminés sur le chemin qui conduisait de Huajapam au gué de l’Ostuta, cherchaient à démêler sur le sol les empreintes laissées la veille par leurs chevaux d’avec celles du cheval du colonel…

Ce n’était pas chose facile. : le terrain, foulé, broyé par les sabots de onze chevaux lancés à toute course quelques heures auparavant, ne présentait que des vestiges informes, et jamais un Européen n’eût entrepris de reconnaître les traces particulières d’un cheval confondues avec tant d’autres. Pour des vaqueros mexicains, des gauchos du Chili, ou des campagnards de toute autre partie de l’Amérique, ce n’était qu’une affaire de patience.

Moins d’une demi-heure suffit, en effet, à Pépé Lobos, qui explorait le haut du chemin, pour trouver ce qu’il cherchait ; il appela ses camarades afin de leur montrer les signes qu’il venait de découvrir.