Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/367

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et les effluves de l’alcool, dont la flamme produisait au dehors les clartés singulières qui brillaient derrière les vitres, se mélangeaient dans cette salle d’une horrible façon. Ce ne fut pas là cependant ce qui frappa le plus le capitaine, lorsque ses yeux se furent un peu accoutumés à l’éclat de l’eau-de-vie en combustion.

À travers une haie de spectateurs qui semblaient prendre le plus vif plaisir à la scène qui se passait sous leurs yeux, le capitaine distingua un malheureux, dépouillé de ses vêtements et attaché à une échelle appuyée contre la muraille ; un homme dont l’aspect féroce, et dont les lueurs violâtres de l’eau-de-vie teignaient la figure enflammée, frappait à coups redoublés d’un fouet de peau de bœuf à plusieurs branches sur le dos du patient, et de temps à autre il essuyait contre le mur le sang qui jaillissait jusqu’à ses mains. Aux marques sans nombre qui souillaient la muraille, on pouvait croire que ce cruel supplice durait depuis longtemps ou avait été infligé à plusieurs victimes. À côté de cet homme, que Lantejas prit pour un bourreau de profession, une femme, d’un aspect plus odieux encore que ce misérable, semblait l’exciter encore par ses cris à redoubler de cruauté, et cependant, Dieu sait si le flagellateur avait besoin d’encouragements !

Le Gaspacho, voyant qu’on ne faisait pas attention à lui, s’écria au bout de quelques instants :

« Seigneur capitaine, je vous amène le compagnon du nègre et de l’Indien. »

À la grande surprise de don Cornelio, ce fut celui qu’il prenait pour un bourreau de profession qui répondit à ce titre de capitaine.

« C’est bon ! tout à l’heure, je suis à lui, quand ce coyote aura confessé où sont ses trésors et sa femme. »

Le fouet siffla de nouveau contre la chair du patient, sans que celui-ci fit entendre autre chose que de sourds gémissements.