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dit le colonel, car j’aurai à vous charger d’un message… important. »

Le domestique s’inclina, et, tandis que le lieutenant Veraegui s’avançait avec deux alferez et des soldats porteurs de torches à la rencontre du chef de la garnison, il prenait respectueusement la bride de son cheval.

En entrant dans l’hacienda, don Rafael ne se doutait pas des vœux ardents que faisaient pour son salut le messager de doña Gertrudis et son compagnon, à qui sa vertu de fraîche date paraissait devoir être si peu profitable.



CHAPITRE VII

LE RÉVÉREND CAPITAINE.


C’était une singulière époque que celle de la guerre de l’indépendance mexicaine, où, de part et d’autre, on combattait au nom de la religion menacée, sans qu’il y eût cependant de dissidence religieuse d’aucun côté ; où chaque parti reconnaissait la Vierge comme généralissime, et où des prêtres se faisaient généraux de division sous ses ordres.

Dans plusieurs villes on avait déjà formé, soit en faveur de l’insurrection, soit contre elle, des régiments de moines de toutes couleurs, et à Oajaca l’évêque Bergosa ne manqua pas de suivre cet exemple. Pour suppléer au petit nombre de troupes qui gardaient la capitale de la province, il avait levé un corps de milice ecclésiastique composé d’abord exclusivement de prêtres ; mais le gouverneur Bonavia, celui qu’on a vu échouer au siége de Huajapam, accordant peu de confiance à cette milice