Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/391

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Rafael, mais il en contint l’explosion et se contenta de dire d’un ton sévère au dominicain :

« Vous êtes prêt à marcher, sans doute ?

— Tels sont les ordres du gouverneur, reprit le moine d’un ton gourmé.

— Tels sont les miens, révérend capitaine, et je vous prie de vous souvenir qu’ici c’est aux miens seuls que vous devez obéir, » répliqua le colonel.

— Le dominicain, sentant qu’il n’était pas le plus fort, s’inclina sans répondre.

« Nous allions précisément nous mettre en marche à la poursuite des bandits d’Arroyo, dit le Catalan.

— Et vous savez où ils sont ?

— La trace d’Arroyo est toujours facile à trouver.

— Je le sais, moi, reprit le colonel ; ce brave serviteur, qui tient la bride de mon cheval, venait implorer votre aide pour venger ses maîtres odieusement traités par les brigands que nous allons surprendre à l’hacienda de San Carlos. Lieutenant Veraegui, munissez-vous d’autant de cordes qu’on en pourra trouver ; qu’on démonte de ses affûts une des pièces de canon et qu’on la charge à dos de mulet ; nous en aurons besoin pour enfoncer la porte.

— Et que ferons-nous des cordes ? dit le lieutenant avec un sourire d’intelligence.

— Nous pendrons ces brigands jusqu’au dernier, mon cher Veraegui.

— Par les pieds cette fois ; car vraiment, quand je pense à mon absurde indulgence…

— Vous en avez donc épargné quelques-uns ? interrompit le colonel.

— J’ai été trop bon envers quatre d’entre eux que j’ai pris hier ; je les ai pendus par le cou, et, à ce propos, mon colonel, il y a ici deux drôles qui disent avoir à vous parler.

— Je les écouterai plus tard, à mon retour, répondit