Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/430

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Costal l’eût amplement méritée. Quoique rien, jusqu’à ce moment, n’indiquât que Tlaloc ou Matlacuezc dussent apparaître à leur courageux adorateur, le front de Costal rayonnait de tant d’espoir, que le nègre n’eut pas un instant l’idée qu’il pût échouer dans cette dernière tentative.

Depuis le lever de la lune, si impatiemment attendu, plus d’une heure s’était passée en préparatifs de toute sorte, lorsque Costal rompit enfin le silence imposant qu’il avait gardé jusque-là à l’égard de Clara.

« Clara, dit-il d’une voix grave, quand les dieux de mes pères, appelés par le fils des caciques qui a vu cinquante saisons des pluies, vont entendre les sons auxquels ils prêtaient l’oreille depuis plus de trois siècles, ils apparaîtront sans aucun doute.

— Je l’espère bien ainsi, dit Clara.

— Oui, mais qui sait si ce sera Tlaloc ou sa compagne ?

— Peu m’importe.

— Matlacuezc, reprit l’Indien, est vêtue de blanc aussi pur que celui de la fleur du floripondio ; quand ses cheveux ne sont pas tordus sur sa tête, ils flottent sur sa robe comme la mantille d’une señora de haut parage ; ses yeux sont plus brillants que les étoiles, et sa voix est plus douce que celle du moqueur lorsqu’il imite le rossignol : et cependant sa vue est terrible à soutenir.

— Je la soutiendrai, dit le nègre.

— Mais Tlaloc a la taille gigantesque ; des serpents enroulés sifflent dans sa chevelure, son œil est comme l’œil du jaguar, sa voix gronde comme celle de deux taureaux. Réfléchissez-y, tandis qu’il en est temps encore.

— Je vous l’ai dit, je veux de l’or, et peu m’importe que ce soit Tlaloc ou sa compagne qui me le donne ; de par tous les diables chrétiens ou païens ! je ne suis pas venu jusqu’ici pour reculer.