Page:Gabriel Ferry - Costal l'Indien, 1875.djvu/67

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les eaux de la rivière, naguère si furieuses, tranquilles maintenant, caressaient mollement les longues tiges des plantes aquatiques qui bordaient la rive, et dont les feuilles larges et luisantes se dressaient en forme de parasols. Cet homme, qui semblait considérer curieusement le spectacle imposant de la cascade, n’était autre que le capitaine des dragons de la reine que nous connaissons déjà, et qu’un singulier hasard paraissait avoir conduit dans cet endroit sauvage.

Nous devons, en considération du rôle que joue l’officier dans ce récit, dire en deux mots, pendant que Costal donne ses instructions à Clara, comment il était arrivé à joindre les deux associés.

Lorsque le capitaine des dragons de la reine, don Rafael Tres-Villas, se fut séparé du naïf étudiant, en théologie qui l’avait pris un instant pour un mangeur de chair humaine, un Lestrygon, ainsi qu’il l’appelait au souvenir classique de son Odyssée, il ne perdit pas son temps à chercher à expliquer les bizarreries qui l’avaient frappé le long du chemin. Il poussa vigoureusement son cheval, que son instinct avertissait de la proximité d’une écurie, et qui répondit à l’empressement de son cavalier.

Malheureusement l’officier, quoique créole, n’était jamais venu dans cette partie du pays immense qui l’avait vu naître, et, arrivé à un endroit où le sentier qu’il avait suivi jusque-là se divisait en deux, quoique à peu près dans la même direction, il hésita sur celui des deux embranchements qu’il devait prendre.

La même solitude continuait à régner autour de lui personne n’était là pour fixer son incertitude et, en l’absence de tout renseignement, il s’en rapporta au choix de son cheval.

L’animal avait sans doute plus soif que faim, et après avoir flairé l’air, ses naseaux avaient humé les fraîches émanations d’une rivière lointaine ; la bride sur le cou, il avait choisi l’embranchement de droite.