Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome I, 1881.djvu/276

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soleil avaient fané les vêtements, était resté seul en selle au milieu du camp, monté sur un bon cheval alezan brûlé ; ses regards se portaient avec sollicitude sur ce qui se passait autour de lui. Dans ce cavalier il était facile de reconnaître le chef de la troupe, le duc de l’Armada.

Trois hommes, pendant ce temps, s’occupaient à fixer en terre, au haut du mamelon, les piquets d’une tente de toile ; quand elle fut dressée on vit s’élever et flotter à son sommet une bannière rouge, sur laquelle était peint un écusson portant d’azur à six étoiles d’or, avec cette devise : Je veillerai. Le cavalier descendit alors de cheval, et après avoir, à ce qu’il semblait, donné un ordre à un de ses hommes, qui remonta en selle et s’éloigna du camp, il entra sous la tente d’un air pensif.

Tous ces préparatifs avaient à peine employé l’espace d’une demi-heure, tant l’habitude paraissait les avoir simplifiés.

À droite du camp, dans la direction de l’orient, mais loin derrière les ondulations des collines, s’élevait du sein des sables un large massif de gommiers et de bois de fer, seuls arbres que produisaient ces plaines arides.

Une seconde troupe de cavaliers avait fait halte à l’ombre de ce massif. Là, il n’y avait ni chariots, ni mules de charge, ni retranchement d’aucune espèce ; mais ce n’était pas le seul contraste qu’offrait cette dernière troupe avec la première. Elle paraissait plus nombreuse du double. Au teint de bronze florentin des cavaliers, les uns presque nus, les autres couverts de vêtements de cuir flottants et de panaches ondoyants de plumes d’aigle, au vermillon vif, à l’ocre jaune dont leurs figures étaient peintes, aux ornements sauvages de leurs chevaux, il était facile de reconnaître un parti d’Indiens en campagne.

Dix d’entre eux, les chefs sans doute, gravement assis en rond autour d’un foyer qui jetait plus de fumée que de flamme, se passaient de main en main le calumet ou la longue pipe du conseil. L’armure complète de chacun de