Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/247

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de se représenter un beau sac de mille piastres, brillant aussi de mille feux.

« La nuit était venue sans qu’il eût approché le Coursier d’assez près pour le lacer, et il fut fort étonné qu’en galopant sur un terrain pierreux les sabots du cheval blanc, qui n’était cependant pas ferré, fissent jaillir à chaque pas de longues traînées d’étincelles, si bien que, la nuit devenant de plus en plus obscure, ce n’était plus qu’à la lueur de ces étincelles et des éclairs que lançaient les yeux de l’animal qu’il ne le perdait pas de vue. Le Texien, quoique ne s’expliquant pas trop clairement comment des sabots de corne produisaient ces étincelles, comment les yeux du cheval lançaient ces lueurs étranges… »

Les aboiements d’Oso interrompirent en ce moment la narration du chasseur de bisons, au grand déplaisir de ses auditeurs.

Cependant le dogue ne tarda pas à se recoucher près du foyer, où il sembla prêter au récit d’Encinas une oreille aussi attentive que les vaqueros eux-mêmes ; et, comme ce n’était certainement pas un Indien dont Oso signalait la proximité, Encinas continua de la sorte :

« Le Texien ne s’expliquait donc pas la cause de ces étincelles et de ces lueurs ; mais, comme il était trop largement payé pour avoir peur longtemps, il ne mettait que plus d’ardeur à sa poursuite ; et il eut la satisfaction de s’apercevoir que la rapidité du Coursier-Blanc déclinait sensiblement. Puis tout d’un coup il le vit s’arrêter, flairer le vent, hennir et tendre le cou vers l’horizon.

« Le Texien fit sentir l’éperon à son cheval, qui commençait à se ralentir aussi, et il s’élança vers le Coursier-Blanc le lazo à la main. Tout à coup l’attache du nœud coulant se délia dans l’air, et le Texien ne faisait plus tournoyer au-dessus de sa tête qu’une corde droite qui ne pouvait plus rien étreindre. Son cheval n’en était pas