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meurs, après avoir jeté sa carabine sur son épaule, et ce fut en assez mauvais espagnol qu’il demanda aux premiers occupants, d’après la coutume du désert, de prendre place au foyer commun.

La permission lui en fut accordée avec la courtoisie familière aux Mexicains de toutes les classes.

Tandis qu’il mettait pied à terre et s’occupait de décharger le cheval de somme, le voyageur resté en arrière s’approchait à son tour en silence, salua légèrement les vaqueros et les chasseurs de bisons, qui, de leur côté, le considéraient avec attention, et mit pied à terre sans ouvrir la bouche.

Sauf la distinction de sa tournure, il n’avait rien de remarquable dans sa personne. Son costume était celui des Mexicains dans toute son exactitude, et l’obscurité cachait ses traits. Ce ne fut que lorsqu’il se servit de son chapeau pour s’éventer, qu’on put voir sa figure fortement empreinte du type anglais.

L’accoutrement de son compagnon différait complétement du sien, et avait une ressemblance parfaite avec celui des chasseurs américains, si nombreux maintenant au Texas. Il était vêtu d’une blouse de chasse couleur olivâtre, en peau de daim assez grossièrement tannée, et portait de longues guêtres de cuir fauve. D’une stature moyenne, il paraissait âgé de cinquante ans environ, comme l’indiquait sa tête à demi chauve et quelques mèches de cheveux gris flottant sur le collet de sa chemise. Ses membres vigoureux annonçaient une force herculéenne.

Un couteau de chasse passé dans un baudrier, une poire à poudre et un large chapeau de feutre bizarrement crevassé, complétaient un costume qu’à l’exception des chasseurs de bisons, les autres voyaient pour la première fois.

Quoiqu’il parût évidemment aux ordres de son compagnon de voyage, l’Américain ne s’occupa nullement