Page:Gabriel Ferry - Le coureur des bois, Tome II, 1884.djvu/442

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dont les doigts se refermèrent sur les siens comme les ressorts d’un piège à loups.

« Feu ! » s’écria le métis d’une voix forte en jetant son autre main sur l’épaule de l’aventurier.

La carabine de Main-Rouge se leva, le coup partit, la balle siffla aux oreilles de Sang-Mêlé ; atteint en pleine poitrine le malheureux Diaz allait tomber, quand les bras vigoureux du métis le soutinrent.

Le pirate s’armant, comme d’un bouclier, du corps de l’aventurier qui n’était presque qu’un cadavre, battit en retraite à reculons, l’œil fixé sur la carabine de Wilson, qui cherchait en vain une place pour le frapper.

Le bandit touchait à la lisière du bois, quand, avant d’expirer, Diaz eut encore la force de tirer son couteau et de frapper Sang-Mêlé à la jointure de l’épaule. Le pirate blessé bondit à reculons, et, quand il sentit par derrière le feuillage des arbres, il lança devant lui l’aventurier, dont ce dernier choc acheva de briser la vie, et s’écria :

« Voilà le cadavre d’un chef ! »

Il disparut aussitôt dans le fourré, où la balle de Wilson ne frappa que les branches et le feuillage.

Le premier mouvement de stupeur causé par cet odieux assassinat n’était pas encore entièrement passé que les deux pirates des Prairies étaient déjà loin, et la voix de Sang-Mêlé criait :

« Qui osera venir arracher aux mains d’El-Mestizo la fille des blancs et le fils de l’Aigle ?

– Par Jésus-Christ et le général Jackson ! ce sera moi ! » s’écria Wilson en s’élançant derrière les bandits. »

Mais, avec la rapidité de la foudre, dont il portait le nom, le jeune Comanche l’avait prévenu, et il entrait déjà dans le taillis, lorsque l’Américain, sir Frederick et les neuf guerriers comanches y pénétrèrent après lui, la hache, la carabine et le poignard en main.

Sang-Mêlé, qui connaissait tous les détours de l’épaisse