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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/110

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Epigmenio qu’il voyageait avec sa fille, et que des voleurs venaient de le dévaliser après l’avoir frappé d’un coup de poignard. Il ajouta qu’il n’invoquait pas de secours pour lui, mais pour la faible créature qui était à ses côtés, et en même temps, écartant les branches d’un buisson près duquel il était couché, il montra à Fray Epigmenio une jeune fille étendue sans connaissance sur l’herbe à quelques pas de lui. Les rayons de la lune tombaient en plein sur son beau visage et sur sa robe blanche. Vous comprenez quel dut être le trouble d’Epigmenio à la vue de cette jeune fille, qui lui rappelait les plus adorables visions de ses nuits. Il se remit pourtant après un court silence, et représenta à l’étranger que le couvent du Desierto était encore éloigné ; que, fût-il même plus près, une femme ne saurait y recevoir l’hospitalité. L’inconnu se plaignit alors de ne pouvoir même continuer sa route, car il n’avait plus son cheval, qui s’était échappé au moment de l’attaque des voleurs. Rassemblant toutes ses forces, il déclara que sa blessure le faisait moins souffrir et qu’il allait profiter de ce soulagement passager pour se mettre à la recherche de l’animal. Le moine, de son côté, s’éloigna en promettant, s’il trouvait le cheval échappé, de le ramener au lieu où ils laissaient tous deux la jeune file évanouie. Que vous dirai-je ? Fray Epigmenio