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CHAPITRE VIII

LE GENTILHOMME OURAGAN.


La nuit était venue c’était une de ces nuits de mai où les clartés de la lune prêtent à Mexico un aspect presque magique. De molles lueurs tombaient du ciel sur les clochers peints des églises et sur les façades coloriées des monuments. Le clair de lune, sous les tropiques, étale de voluptueuses splendeurs inconnues dans nos climats brumeux. Sur la Plaza Mayor, la foule n’était plus si épaisse qu’avant le coucher du soleil, mais elle était plus calme et plus recueillie. Les promeneurs ne se parlaient qu’à voix basse, comme s’ils eussent craint de troubler la tranquillité de cette nuit sereine. De légers bruits d’éventails agités, de robes de soie froissées, quelquefois un éclat de rire féminin, mélodieux et pur comme la vibration d’un timbre de cristal, parfois aussi les tintements d’une cloche lointaine ; venaient seuls interrompre ce profond