Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/150

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Moi aussi j’ai fait des quatrains dans cette joyeuse ville, j’en ai même chanté, et c’est à la suite d’une sérénade interrompue malheureusement par un duel suivi de mort d’homme, que je me suis vu forcé de venir chercher fortune à la Nouvelle-Espagne. J’avais, pour réussir ici, deux qualités précieuses et qui s’allient rarement : je possédais à merveille la jurisprudence et l’escrime. Et vous-même vous avez pu reconnaître tout à l’heure que je n’ai rien perdu de mon ancienne humeur de spadassin ; mais j’y pense, seigneur cavalier, je vous dois un dédommagement pour ma méprise de tout à l’heure. Il s’en est peu fallu vraiment que je ne vous donnasse de mon épée au travers du corps. Permettez-moi de vous offrir, pour me faire pardonner cette brusque incartade, une infusion d’eau de rose ou d’eau-de-vie de Catalogne.

Et sans me laisser le temps de placer une parole, le licencié m’entraîna vers une table où nous nous assîmes. Mon étonnement croissait à mesure que je faisais plus ample connaissance avec ce singulier personnage. Ce ne fut qu’après qu’on nous eut servis que don Tadeo consentit à m’entendre expliquer mon affaire, ce que je fis le plus brièvement et le plus clairement possible.

– C’est bien, dit-il ; il s’agit d’un débiteur que