Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/17

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combraient l’arène, et devint bientôt le point unique des regards et des efforts de cette populace. Tous essayèrent d’y grimper à l’envi pour s’emparer des foulards qu’ils convoitaient ; mais, comme il arrive toujours, les efforts des uns paralysaient les efforts des autres, et l’arbre restait debout sans qu’aucun des prétendants pût en embrasser la circonférence. Au même instant, la trompette retentit dans la loge de l’alcade, la porte du toril s’ouvrit et donna passage au plus magnifique taureau que les haciendas voisines eussent pu fournir. Malheureusement pour les assistants, qui comptaient voir les léperos aux prises avec un ennemi plus redoutable, le taureau était un embolado[1]. Les aspirants-lauréats du monte Parnaso montrèrent néanmoins quelque hésitation et jetèrent du côté du toril un regard effrayé. Le taureau, après avoir hésité lui-même, se dirigea au galop vers l’arbre toujours debout. Quelques léperos s’enfuirent, et les autres, délivrés de cette concurrence, purent s’élancer les uns après les autres sur les branches du monte Parnaso. Une catastrophe était imminente : le taureau, arrivé au pied de l’arbre qui abritait les léperos, donnait dans le

  1. C’est-à-dire avec une boule à l’extrémité de chaque corne. Dans toutes les courses, c’est le taureau consacré à la populace.