Aller au contenu

Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/206

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Ah ! voilà Calros[1], s’écria-t-on de tous côté, comme à l’aspect d’une personne depuis longtemps attendue. Quelques hommes qui ne prenaient point part à la danse s’avancèrent amicalement vers le Jarocho qui ne sembla répondre qu’indifféremment à ce bon accueil. Le froncement de ses sourcils indiquait une émotion péniblement contenue. Ses yeux étaient fixés sur le groupe des danseuses, et la direction de ses regards ne tarda pas à me désigner l’objet d’une si vive préoccupation. C’était une jeune et gracieuse fille dont les pieds glissaient légèrement sur le gazon. Ses cheveux d’ébène étaient ornés d’un diadème de fleurs mêlées de vers luisants, dont la lueur bleuâtre ceignait son front d’une mystérieuse et fantastique auréole. Vêtue d’une robe blanche dont les pâles rayons de la lune argentaient les ondulations, Sacramenta, les épaules nues, semblait une de ces fées nocturnes qui dansent au milieu des clairières quand tout dort dans les forêts.

Le regard oblique et presque dédaigneux que la jeune fille laissa tomber sur le Jarocho, l’expression de colère jalouse qui se lisait clairement sur les traits de ce dernier, m’eurent bientôt révélé un de ces drames douloureux, une de ces luttes de la coquetterie et de l’amour qu’on retrouve partout

  1. Pour Carlos.