Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/209

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tant, mais vous ne croiriez peut-être pas qu’il m’arrive parfois d’être distrait ?

— J’en suis convaincu, lui dis-je, et ne vous en veux nullement d’avoir oublié un étranger, rencontré par hasard, et dont une impérieuse nécessité peut seule excuser l’indiscrétion.

— Dans notre pays, l’étranger est partout chez lui ; mais l’hospitalité que je vous donnerai ne sera pas gratuite, car vous pourrez me la payer par un service ou par un conseil dont j’ai besoin.

— Volontiers, répondis-je, si c’est en mon pouvoir.


Nous nous acheminâmes vers la cabane du Jarocho, située à l’extrémité du village. C’était un jacal, comme la plus grande partie des maisons de Manantial. Un petit enclos, dans lequel erraient quelques chèvres, était attenant à l’habitation. Des bananiers, chargés de leurs régimes savoureux, étendaient sur le modeste jardin leurs larges feuilles balancées au souffle de la brise. La cabane se divisait en trois pièces séparées par des nattes de jonc. Dans l’une de ces pièces, une vieille femme préparait le repas du soir devant un brasier dont la flamme rougeâtre éclairait seule le jacal. Cette femme était la mère de Calros. Pendant que nous dessellions nos chevaux, mon hôte lui avait