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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/281

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quille. Sous les péristyles des cabanes ombragées pour la plupart de bouquets de palmiers et de bananiers, quelques habitants, nonchalamment couchés dans leurs hamacs, saluaient de loin le pilote comme une vieille connaissance. Après avoir répondu brièvement aux questions qu’on lui adressait sur les derniers événements de la côte, Ventura s’empressa de demander où était Campos. Il expliqua en même temps, en montrant Calros, le motif de la venue du Jarocho. Cette nouvelle fut accueillie par le groupe oisif et batailleur comme une bonne fortune inappréciable ; mais dans l’intérêt même du divertissement, l’affaire devait être conduite avec mystère, et chacun rivalisa de discrétion. On se mit sans bruit en route vers la cabane occupée par Campos. Celui-ci était comme on s’y attendait, couché dans son hamac. Je ne pus m’empêcher d’admirer la force de volonté avec laquelle cet homme parvint à cacher son trouble à la vue du pilote qu’il devait croire englouti dans les eaux de la rivière. Il se leva tranquillement, nous regarda tous avec une curiosité dédaigneuse, et ne parut éprouver quelque émotion qu’en apercevant Calros.

— Qui vous envoie sur mes traces, lui demanda-t-il.

— Josefa, répondit Calros ; c’est par son ordre que je suis venu de Manantial ici.