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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/35

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veste de drap non moins maltraitée. Arrivé devant l’alcade, après avoir, non sans peine, fendu la foule, ce personnage passa le bras à travers un des trous de son manteau, et put ainsi, sans déranger les plis de sa cape, porter la main au débris de chapeau qui couvrait sa tête. Il se découvrit courtoisement, tandis que dans sa chevelure noire et hérissée restaient accrochés quelques cigarettes, un billet de loterie et une image de la miraculeuse vierge de Guadelupe. Je ne fus pas médiocrement surpris en reconnaissant dans ce respectable bourgeois mexicain mon ami Perico, que je croyais mort et à la veille d’être enterré.

– Seigneur alcade, dit Perico, ce cavalier a raison. C’est involontairement qu’il a commis ce meurtre, il ne doit donc pas être confondu avec les malfaiteurs ordinaires, et d’ailleurs je suis ici pour le cautionner, car j’ai l’honneur de le connaître intimement.

— Et qui te cautionne, toi ? demanda l’alcade.

— Mes antécédents, reprit modestement Perico…, et ce cavalier, ajouta-t-il en me désignant.

— Mais puisque c’est toi qui le cautionne ?

– Eh bien ! je cautionne ce cavalier, ce cavalier me cautionne, ce sont donc deux cautions pour une, et votre seigneurie ne peut pas mieux rencontrer.