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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/74

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héros des légendes ou les victimes de l’inquisition. Quand je sortais de la bibliothèque pour me promener sous les cloîtres, les moines que je rencontrais dans les corridors assombris ne ressemblaient nullement à ceux que je voyais compromettre si gaiement la dignité du froc dans les rues de Mexico. La population des couvents est double : il y a des religieux encore assez jeunes pour tenir gaiement leur place à une table de monte ou dans une tertulia : ceux-ci ne sont presque jamais dans leurs cellules ; il y en a d’autres auxquels l’âge et les infirmités interdisent les distractions mondaines : ces derniers forment la population sédentaire, toujours peu nombreuse. Parmi les moines que je rencontrais dans les corridors de San-Francisco, il en était un surtout qui me semblait personnifier la vie claustrale avec tout son cortége de pratiques austères et de secrètes douleurs. C’était un vieillard au crâne luisant et jaune, aux yeux brillants d’un feu sombre sous le capuchon bleu ; une sorte de terreur se mêlait à la curiosité qu’il m’inspirait ; on eût dit en le voyant qu’une des mornes figures multipliées sur les murs du couvent par le pinceau des Rodriguez, des Cabrera et des Villalpando, était descendue de son cadre, animée d’une vie passagère.

Parfois aussi j’aimais à méditer dans le jardin, car la disposition d’esprit où je me trouvais durant