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Page:Gabriel Ferry - Les aventures d'un Français au pays de Caciques, 1881.djvu/79

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ces lagunes comme de vastes corbeilles, quelques cabanes de vaqueros, éparses dans la plaine, puis une enceinte de collines dominée par la Sierra, voilà les principaux détails du paysage. Quant aux scènes qu’offrait ce tableau, elles s’accordaient toutes avec sa placidité : tantôt c’était une pirogue qui glissait sans bruit sur les eaux du canal, tantôt c’étaient des Indiens agenouillés sous quelque berceau de feuillage, devant un Christ qu’ils ornaient de fleurs, et aux pieds duquel ils déposaient pieusement des oranges et des grenadilles. Les battements d’ailes d’une aigrette planant au-dessus des eaux ou se perdant dans l’azur du ciel comme un flocon d’écume, les abois de quelques chiens errants, trouvaient seuls le silence qui régnait sous les frais ombrages de la chaussée.

Mais à l’approche des fêtes de Pâques, l’aspect de cette promenade changeait complétement. Chaque dimanche du carême, la population de Mexico s’y donnait rendez-vous, et une foule bruyante l’envahissait. Le jour où je m’étais dirigé vers le canal était précisément le dernier dimanche du carême. Au moment où j’arrivais sur la chaussée, les promeneurs habituels du Paseo et de l’Alameda se pressaient dans les allées de la Viga mais ce ne fut pas cette brillante cohue qui attira surtout mon attention, ce fut le canal même. Ce jour-là, les roseaux