Aller au contenu

Page:Gabriel de Lautrec - Poemes en prose.djvu/7

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Poèmes en Prose

ORGUEIL TRISTE

Pour celle des bords de la mer.

Lorsque je te rencontrai, ce fut sans doute le soir même où je devais jouer le rôle divin d’Hamlet ; j’avais déjà le fard de l’impossible sur le visage, et la flamme des passions imaginaires dans les yeux ; et je n’eus pas ce soir là, semble-t-il, le loisir de t’aimer, car il se célébrait dans mon âme une auguste cérémonie, avec des ors et des chasubles, et tu sais bien qu’aux fêtes de l’Intellectuel, les sourires de la femme ne sont pas admis comme flambeaux.

Or, ce fut ce soir là, pourtant, un soir de sourires fatigués et de lèvres pâles que je te murmurai ce que vous auriez eu mauvaise grâce, Madame, à ne pas prendre pour le plus délicat des aveux.