Page:Gache - Le Dernier Jour du monastère d’Hautecombe.pdf/104

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 93 —

Depuis longtemps organisés dans l’ombre, ils n’avaient que le rideau à tirer pour paraître. Servant la haine de M. Mylabe contre les collègues de son oncle, qui l’avait déshérité au profit du monastère, ils songèrent tout d’abord à leur délégué, gratifié du nom de citoyen commissaire. Ils firent mettre à leur disposition un piquet de recrues de Paris, fraîchement enrôlées, s’exprimant dans la langue des sauvages, avec le sourire de la perversité, et parés des lambeaux d’un paupérisme atroce. Cette avant-garde de la dévastation venait d’arriver bride abattue aux vallons d’Aix. Son aspect lugubre faisait fuir ou détourner la face. La fin du jour devenait sombre, le lac, menaçant ; la paix et le bonheur s’envolaient pour longtemps de leurs retraites accoutumées.

Ces quatre-vingts avant-coureurs portaient le sceptre de la terreur à l’homme de loi tout meurtri des blessures que lui avait faites un fantôme de femme. Les sillons d’un lac gros